Cet aphorisme attribué à Nelson Mandela et quelques autres, aussi bien inspirés, émaillent le dernier ouvrage du philosophe Charles Pépin : « Les vertus de l’échec » (et non « L’échec des vertus » – suggestion malicieuse d’un client, plutôt bien adapté à la campagne présidentielle millésime 2017).
Si votre entretien annuel d’évaluation vous empêche de dormir, si vous êtes flippé du bulletin scolaire, paralysé à l’idée de louper votre mojito ou votre œuf à la coque ; que vous soyez parent ou enseignant, salarié ou entrepreneur et que votre avenir soit devant vous ou même « dans votre dos », ce livre mérite le détour.
Rassurez-vous : vous n’y trouverez ni un éloge aussi réconfortant qu’hypocrite des « loosers », ni un encouragement à la médiocrité ; encore moins un hommage à la paresse. Non, rien plus que le rappel d’une vérité essentielle : l’échec est le revers d’une monnaie dont l’autre face à pour nom « succès » ou « réussite ». En d’autres termes, il n’est rien d’autre que le salaire aléatoire de l’action.
Cet échec, stigmatisé avec tant d’opiniâtreté à tous les âges de la vie, il ne s’agit ni de le minimiser ni de l’excuser, car il ne constitue pas une faute, mais plutôt de l’accueillir de le méditer pour le dépasser… Comme la réussite du reste ! Rudyard Kipling (magnifiquement traduit par André Maurois) renvoyait déjà l’un et l’autre dos-à-dos : « Si tu sais accueillir triomphe après défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front… ».
Il fallait que ces deux cent-et-quelques pages, rédigées dans un langage parfaitement accessible, soit l’œuvre d’un français. Car dans notre patrie, « Mère des arts des armes et des lois », la hantise de l’échec et de la disqualification qui l’accompagne ont stérilisé trop de talents.
« Les vertus de l’échec » Charles Pépin – Allary Éditions – 2016